Le président français et son homologue camerounais, Paul Biya, ont pris la parole lors de la cérémonie célébrant le 80ᵉ anniversaire du débarquement des Alliés en Provence.
Encore un accueil des plus chaleureux du président français, Emmanuel Macron, à l’endroit de son homologue Camerounais, le président Paul Biya, lors d’une cérémonie marquant le 80ᵉ anniversaire du débarquement allié en Provence, à Saint-Raphaël (Var), ce jeudi 15 août 2024.
« Il n’y aurait pas eu de victoire alliée » sans « les étrangers, les tirailleurs » d’Afrique : les présidents français Emmanuel Macron et camerounais Paul Biya ont rendu un hommage jeudi 15 août à l’armée « bigarrée » du débarquement de Provence, il y a quatre-vingts ans. C’est que, deux mois après les commémorations du débarquement de Normandie, Emmanuel Macron et les chefs d’Etat et de gouvernement du Cameroun, du Gabon, des Comores, de Centrafrique, du Togo et du Maroc étaient réunis dans le sud de la France pour le 80e anniversaire de l’opération « Dragoon », son équivalent en Provence, épisode méconnu mais essentiel de la Libération, lors d’une cérémonie amputée des événements en mer de l’après-midi en raison de la météo capricieuse.
« Il n’y aurait pas eu de victoire alliée sans la contribution des autres peuples, sans les étrangers, sans les Noirs et autres tirailleurs » africains, a rappelé le chef d’Etat camerounais, Paul Biya, lors de son discours à la nécropole internationale de Boulouris, à Saint-Raphaël, dans le Var. « Cette lutte a été menée ensemble, pour défendre les valeurs et les idéaux universels de paix et de justice », a poursuivi le Président de la République du Cameroun SE. Paul Biya. Il a par ailleurs rappelé le rôle joué par les « combattants » venus d’Afrique, « héritiers de traditions guerrières, admirables de courage, d’audace et de loyauté ».
Emmanuel Macron : « La France n’oublie rien des sacrifices »
« Officiers de l’Empire ou enfants du Sahara, natifs de la Casamance ou de Madagascar, (…) ils n’étaient pas de la même génération, ils n’étaient pas de la même confession, (…) ils étaient pourtant l’armée de la nation, armée la plus fervente et la plus bigarrée, a ajouté, à son tour, le chef de l’Etat français. Soldats de l’acte II de la libération du pays, soldats convaincus que lorsqu’il s’agit de défendre l’intérêt vital de la nation tous ceux qui se reconnaissent comme français ont vocation à être ensemble. » « Huit décennies après, revenir en Provence le matin, c’est à nouveau conjuguer cette reconnaissance et cette fraternité », a poursuivi M. Macron, qui a témoigné de la « reconnaissance indéfectible de la France » envers ces « héros ». « La part d’Afrique en France est aussi ce legs, qui nous oblige, a-t-il ajouté insistant sur le fait que les noms de ces soldats « doivent continuer d’être donnés à nos rues, nos places, pour inscrire leurs traces impérissables dans notre histoire ». « La France n’oublie rien des sacrifices des Congolais, des Béninois, ni celle des peuples du Burkina Faso, du Mali et du Niger et de tant d’autres. Non. Rien de la plus belle mémoire de ces hommes n’est oublié. » « Etre ici aujourd’hui, c’est ne rien oublier de leur courage et de leur combat », a-t-il conclu. Après les discours, M. Macron a remis la Légion d’honneur à six anciens combattants, cinq Français et un étranger.
Les faits
En effet, le 15 août 1944, quelque 100 000 soldats, essentiellement américains, canadiens et britanniques, avaient débarqué sur les plages du Var, ouvrant la voie à plus de 250 000 Français de l’armée B, composée essentiellement de troupes venues des colonies françaises en Afrique, qui allaient reprendre Toulon puis Marseille en moins de deux semaines. Ce succès avait contribué à la libération de l’Europe grâce au matériel acheminé via ces deux ports méditerranéens. Mais il avait aussi permis à la France, humiliée en 1940, de s’asseoir à la table des vainqueurs grâce à l’engagement massif de ses forces en Provence, alors qu’il n’était que symbolique en Normandie.
Les chiffres
Placée sous les ordres du général de Lattre de Tassigny, l’armée B, future 1re armée, comptait 84 000 Français d’Afrique du Nord, 12 000 soldats des Forces françaises libres (FFL) fidèles au général de Gaulle et 12 000 Corses, mais aussi 130 000 soldats dits « musulmans », d’Algérie et du Maroc, et 12 000 soldats de l’armée coloniale, comme des tirailleurs sénégalais ou des marsouins du Pacifique et des Antilles.
Pierre Bernard KOAGNE
Journaliste