Il a été officiellement décrété qu’aucune activité scolaire ne se déroulera dans 722 écoles primaires et 172 établissements secondaires à travers le pays durant l’année académique 2024-2025. Les décisions de fermeture de ces institutions éducatives non autorisées ont été récemment signées par le ministre des Enseignements secondaires, Nalova Lyonga, ainsi que par son homologue de l’Éducation de base, Laurent Serge Etoundi Ngoa. Ces fermetures sont justifiées par l’absence d’une autorisation légale de fonctionnement des structures concernées.
Conformément à la législation en vigueur, l’octroi de l’autorisation requise pour l’ouverture d’une école publique impose aux promoteurs de présenter un baccalauréat pour les établissements primaires et une licence pour les établissements secondaires. De surcroît, ils doivent fournir un certificat attestant de la propriété du terrain destiné à accueillir l’école, des études préalables afférentes à la construction des futurs bâtiments, un permis de construire valide, une liste exhaustive du matériel pédagogique disponible ainsi qu’une preuve de liquidités suffisantes représentant trois mois de salaire du personnel enseignant.
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Il est essentiel de souligner que la majorité des établissements fermés se situent dans les régions de l’Adamaoua, du Centre, de l’Est, du Littoral, de l’Ouest et du Sud-Ouest.
Nous pouvons saluer cette initiative des membres du gouvernement en charge du secteur éducatif qui agit pro activement afin d’éviter que les parents ne soient piégés par ces imposteurs. En effet, il est aisé d’imaginer le désarroi des parents d’élèves qui, après avoir inscrit leurs enfants dans ces écoles non autorisées, se seraient retrouvés face à une interdiction à la veille de la rentrée scolaire. En prenant ces décisions plus d’un mois avant le début des cours, les ministres des Enseignements secondaires et de l’Éducation de base ont su alerter la communauté éducative et prévenir ainsi un embarras ainsi qu’une désillusion potentielle dans un contexte économique marqué par l’inflation.
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Cependant, tout en exprimant notre gratitude envers les membres du gouvernement pour leur sens aiguisé de l’anticipation, il est légitime d’interroger ce phénomène croissant qui sévit dans notre environnement. En effet, depuis plusieurs années, le Cameroun fait face à une augmentation préoccupante du nombre d’écoles primaires et secondaires opérant sans autorisation légale. Cette situation découle d’une inadéquation manifeste des infrastructures scolaires, d’une qualité médiocre du matériel pédagogique, d’un choix inapproprié des enseignants ainsi que d’une obtention frauduleuse d’autorisations par le biais de réseaux corrompus.
À titre illustratif, au début de l’année scolaire 2022-2023, le pays recensait 326 écoles primaires clandestines théoriquement fermées par décision administrative. L’année suivante, ce chiffre a connu une hausse significative pour atteindre 494. Il est donc manifeste que certains promoteurs persistent dans ce domaine sensible et délicat qu’est l’éducation. Une telle attitude irresponsable peut être perçue comme une défiance vis-à -vis des autorités publiques. De surcroît, une éventuelle collusion entre certains services déconcentrés des ministères concernés et ces promoteurs pourrait éclairer cette situation préoccupante.
Idriss YAKAH
Journaliste